Essai par Steve Loft
hy-brid : Qui provient de sources hétérogènes, ou d’éléments
de nature différente ou incongrue.
Cy-borg : Cybernétique + organisme, une personne dont les
capacités physiques dépassent celles de l’être humain grâce à la
technologie des machines.
Pour KC Adams, la rencontre entre les évolutions
organique/technologique et socioculturelle donne lieu à un espace de
créativité spéculative. L’artiste nous offre avec Cybord Hybrid une
perspective entièrement nouvelle sur ce que pourrait être notre
avenir tout en nous renvoyant l’image de notre passé collectif.
KC Adams définit avec cette œuvre un idéal à la fois transculturel
et bio-technologique, combinant de manière intrigante politique
raciale contemporaine et détachement analytique. Ses portraits sont
magnifiques, sensuels et puissants. Ils offrent la vision à la fois
fascinante et menaçante (selon notre allégeance politique) d’un
univers autochtone hybride et évoquent une indigénéité s’appuyant
sur la force (pouvoir), l’unité, la persévérance et la survie.
Les cyborgs de KC Adams vivent manifestement dans une réalité bien
différente de celle à laquelle les théories futuristes et les récits
de science-fiction nous ont habitués. KC Adams tente de percer la
réalité des « idoles » transbiologiques et manufacturées en
affirmant une indigénéité radicale. Tous ses modèles ont des racines
à la fois autochtones et européennes. Elle les définit comme des «
artistes euro-autochtones avant-gardistes branchés sur la
technologie ».
Les mises en scène théâtrales de KC Adams donnent à ses portraits
une touche glamoureuse contemporaine qui dément leur caractère
subversif et politique bien spécifique. Les calembours et les
doubles sens choisis par ses modèles et brodés à la main traduisent
une vision politique commune poignante et empreinte de signification
culturelle.
KC Adams va encore plus loin en créant une série d’accessoires «
Cyborg Hybrid » pour enrichir et animer ses portraits. Elle applique
la stratégie de vente de la « technologie mode de vie » si répandue
de nos jours, et tire profit de notre obsession de la technologie
portative et personnelle (i-machin), l’ébranlant de manière
délicieusement ironique pour en arriver à ses fins.
Son recours à la couleur blanche, un choix à la fois esthétique et
historicoculturel, témoigne d’un statut qui n’est plus celui de
victime et donne un éclairage nettement anticolonialiste au style
volontairement « vamp » des photographies et aux accessoires à la
mode. L’artiste présente deux phénomènes, soit l’hybridation (ou le
métissage) de la culture et notre obsession de la technologie, sous
un emballage beau et extravagant aux contours politiques et
satiriques saillants.
Steve Loft